J-P NGuyen a écrit un superbe article sur cette rencontre mémorable, mieux que je ne le saurais faire. Donc au lieu d'écrire des banalités, je vous invite à lire son texte ICI. A noter aussi, cette image - ainsi que les autres hommages à DKR - figurera dans un Artbook que je compte éditer début 2016.
Ce qui me plaît tant, à travailler seul, ce n'est pas de pouvoir dire "J'ai fait tout seul" (aucun intérêt), mais d'être certain de pouvoir aboutir une idée, la servir au mieux, à chaque étape : Depuis le crayonné, jusqu'à la couleur. Aucune étape n'est gratuite, en terme d'intentions, d'émotions. Idéalement, il faut être présent à tout ce qu'on fait, car tout ce qui est dans le dessin sert cette (ou ces) idée(s).
Tout comme dans un film, le cadrage, le jeu des acteurs, la photographie, le rythme, la musique, le grain de la pellicule, participent d'un même élan à composer la force d'un plan, d'une séquence.
Mais qu'une seule de ces étapes "contredise", ou rate cette intention... et c'est l'ensemble qui perd de la force. Tout est question de dosage, de feeling... et d'adhésion du "lecteur/spectateur".
Revenons au dessin.
On commence donc par le crayonné (sur A4 - crayon, Feutre, encre, Posca - un petit peu).
Je voulais que Batman prenne le maximum de surface sur la feuille.
Les Mutants sont des jeunes violents et paumés qui ne comprennent désormais qu'une seule raison : celle du plus fort, et Batman est tout à fait disposé à leur donner ce qu'ils demandent :
Là aussi, l'encrage accompagne l'idée née au stade précédent (la compo) : la largeur du trait, la conscience qu'il ne faut pas céder à la tentation des "zigouigouis" (petits traits inutiles qui surchargent inutilement, et atténuent cette puissance brute que doit dégager la masse du Batman qui tombe parmi les mutants, comme un astéroïde géant à la fin du Jurassique.
En ce domaine, Klaus Janson n'est pas le boss pour rien, même 30 ans après :
Concluons avec la version colorisée :
Ici, Batman "annonce la couleur" ( JE suis le maître).
Alors, le bleu de son costume a lentement fait place au gris. Il descend dans la boue, et porte les couleurs (autant que les méthodes) de l'ennemi. Dur de distinguer qui est qui (Bien, Mal...).
J'évite aussi soigneusement toutes ces brillances sur les saillances de muscles, qui évoquent plus le latex (ridicule), que la tenue de combat (mate, propre au camouflage, à l'ombre).
Batman n'a pas besoin de frimer, et affirmer par les mots (comme le chef des mutants). Il agit, et prouve par ses seuls actes.
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