Je n'attendais RIEN de ce Superman.
Je ne voulais même pas y aller.
(Autant vous prévenir, il va falloir vous taper TOUT le texte pour comprendre pourquoi j'ai mis une planche de Fox-Boy... en face de l'affiche rétro de ce Superman !)
Pour ME faire plaisir, ma femme a pris 2 tickets "Tu aimes les super-héros, non ?".
Je suis un vieux lecteur de comics.
Mais je n'en lis quasiment plus. Je n'écris JAMAIS d'article type retour de film ou de livre et me considère autant cinéphile qu'amateur de BD, dans le sens où une image, un plan, une séquence, un propos se lit, se décrypte, se pense.
Mais je n'en lis quasiment plus. Je n'écris JAMAIS d'article type retour de film ou de livre et me considère autant cinéphile qu'amateur de BD, dans le sens où une image, un plan, une séquence, un propos se lit, se décrypte, se pense.
Voilà pourquoi les enjeux des studios, la guéguerre Marvel/DC, Snyder/Gunn avait fini par me faire (quasiment) espérer que cette branche enflée et exsangue qu'est devenu le genre super-héros meure d'elle-même avant de tuer tout l'arbre cinéma avec elle, tant les mauvais films ou PIRE, la posture de prétendre dire quelque chose de notre époque faite de bascules (géopolitique, écologique, sociologique) est une escroquerie (Marvel) ou tout simplement hors-sujet (DC).
Jusque là.
Comme beaucoup, j'ai apprécié la trilogie Nolan et la tournure sombre et philosophique des Batman qu'il a fait. Mais Zack Snyder, en imitant la forme sans le moindre fond, m'a rappelé pourquoi j'ai aimé la révolution portée dans les comics de super-héros par Miller au mitan des années 1980... et détesté ses enfants non revendiqués (en gros, Image Comics, les années 1990 : "𝘛𝘰𝘶𝘵 𝘦𝘴𝘵 𝘴𝘰𝘮𝘣𝘳𝘦, 𝘳𝘦𝘨𝘢𝘳𝘥𝘦𝘻 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘫𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘵𝘪𝘱𝘦́, 𝘮𝘦̂𝘮𝘦 𝘴𝘪 𝘫𝘦 𝘯'𝘢𝘪 𝘢𝘶𝘤𝘶𝘯𝘦 𝘳𝘢𝘪𝘴𝘰𝘯 𝘥𝘦 𝘧𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘭𝘢 𝘨𝘶𝘦𝘶𝘭𝘦, là, 𝘩𝘢𝘣𝘪𝘭𝘭𝘦́ 𝘦𝘯 𝘯𝘰𝘪𝘳."
Et comme les mauvais comics de Jim Lee, McFarlane, Liefeld & co. affranchis de scénaristes (ça sert à quoi, un scénariste ?) ont poussé les potards à donf sur ce modèle "𝘨𝘳𝘪𝘮 '𝘯'𝘨𝘳𝘪𝘵𝘵𝘺" pour les kids de 1992, sur le mode : 𝘕𝘰𝘪𝘳 𝘤'𝘦𝘴𝘵 𝘯𝘰𝘪𝘳, 𝘪𝘭 𝘯'𝘺 𝘢 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘥'𝘦𝘴𝘱𝘰𝘪𝘳.), les films DC post-Nolan ont poussé dans une même esthétique (musique ronflante, iconisations creuses, une expression unique sur le visage, voix de ténors avec cancer de la gorge...) à la suite du patron en la matière - Christopher Nolan - côté ciné.
De là à dire que Nolan, c'était une tentative de Miller au cinéma (Year One et Dark Knight Returns en tête), et que les films DC suivants étaient des postures illisibles (coucou Zack, James Wan et les autres !), il n'y a qu'un pas que je franchis à cloche-pied.
Arrive donc ce fameux film vu hier soir, presque en tirant la tronche (un moustique la nuit précédente, dormi 4 heures, bossé 16 le jour suivant) : fatigué et désabusé.
J'ai adoré.
La proposition de Gunn me plaît, me séduit, me convainc.
Je vois des choix artistiques, je vois des décisions, je vois une époque, la nôtre, dépeinte, métaphorisée, coloriée, et réfléchie.
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : Superman n'est pas le Monde Diplomatique ou Courrier International et tant mieux, ce n'est pas ce qu'on lui demande.
Déjà, c'est un film à voir en famille (pas avant 7-8 quand même je dirais - quelques plans violents, mais jamais gratuits !).
Pour l'inspiration, le ton, ce sont les années 1980 de John Byrne, et BEAUCOUP du Superman All Stars de Morrison/Quitely.
Comme d'habitude, James Gunn assume les couleurs des costumes qu'il parvient miraculeusement à rendre crédibles dans ses productions DC (je mets de côté Les Gardiens de la Galaxie, car le côté cosmique et la charte graphique Marvel l'a restreint pour ces deux raisons évidentes). Et puis en y repensant, son Suicide Squad assumait ce regard humaniste, progressiste, lucide sur l'impérialisme de son pays (vous vous rappelez ? cette dictature d'Amérique du Sud installée grâce aux États-Unis ?).
De la fraîcheur, de l'intelligence, des échos d'événements d'Europe de l'Est, du Moyen Orient, de Gaza, même (bon, pour l'écologie, ce n'était encore ni l'endroit, ni le moment). Superman a de grands pouvoirs ? Il assume ses GRANDES responsabilités.
Interventionnisme ou pas ? Loyauté à un héritage... ou à sa conscience ? Un immigré qui s'assume comme tel, ni plus ni moins qu'un autre. Superman ne s'excuse pas d'être né, et surtout, il ne s'excuse pas d'être né... AILLEURS !
Le propos est clair, dans l'histoire éternelle du personnage, en cela il est canonique (à défaut d'être iconique - coucou Henry Cavill !).
C'est donc un vraie décision artistique, d'un artiste (Gunn) qui conjugue à merveille ses 3 impératifs :
- Connaître et comprendre son sujet (la mythologie DC)
- Se l'approprier dans le fond et l'esprit (c'est du PUR Gunn !)
- Dans une compréhension digérée et visible à l'écran... de l'époque où elle se passe (coucou Vladimir, coucou Elon/Donald).
Alors pourquoi mettre en parallèle 2 images dans cet (interminable) post de FOX-BOY avec Superman ?
Eh bien parce que je me suis reconnu dans la démarche et le "message" global du film :
Les lecteurs, les lectrices, méritent qu'on ne les brosse pas dans le sens du poil. Ils méritent qu'on donne un socle de "valeurs" (faire ce qui est juste), avec un personnage qui doute (où s'arrêter quand on est Superman l'omnipotent, "à quoi bon ?" quand on est le faible Fox-Boy).
Sans spoiler, les deux personnages sont également tiraillés entre deux passés : un lointain souvenir douloureux... et une enfance malgré tout heureuse dans laquelle on puise ses choix conscients de celui qu'on choisit de devenir.
Oui, le Superman de Gunn comme mon Fox-Boy s'inscrivent dans la tradition Sartrienne... de l'Existentialisme !
JE choisis, et donc j'entre en action... dans un monde où je suis conscient que la marge de manœuvre se réduit.
Ce film, comme la nouvelle direction de Fox-Boy sont donc, chacun à un bout du spectre du genre super-héros, deux âmes sœurs qui puisent en l'enfant en eux... la force d'être utiles en tant qu'adultes.
Quant à moi, je me prends à imaginer boire une bière avec James Gunn, car je pressens que nos questionnements sont similaires en bien des points... même si le poids des responsabilités de chacun est proportionnel à la force de nos super-héros respectifs !
Quant à moi, je me prends à imaginer boire une bière avec James Gunn, car je pressens que nos questionnements sont similaires en bien des points... même si le poids des responsabilités de chacun est proportionnel à la force de nos super-héros respectifs !
Si lire ou regarder des super-héros (passés 12 ans, j'entends), ça ne sert pas précisément à ÇA... alors il faut grandir autrement et les lâcher pour de bon.
Mais ceux qui me connaissent le savent : J'ai 12 ans d'âge mental !
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