Neal Adams (1941-2022)

 

Une légende des comics nous a quittés hier.

Monsieur Neal Adams (1941-2022) est mort, hier d'une sépticémie, à l'âge de 80 ans.

Après le Père Fondateur Jack Kirby, Neal Adams restera comme dessinateur le plus important de ce drôle de petit monde des comics de super-héros.

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Dès les années 1960, il apporte dans ses pages un réalisme révolutionnaire dans les anatomies, une folie dans les découpages, une présence unique et un dynamisme absolument DINGUE !

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Si Kirby était le King des comics (le Elvis Presley), Neal Adams en était les Beatles et les Stones réunis ! On a dit que les années 1960 était la décennie des 3 B (Beatles, Bond et Batman). Sans Neal Adams, il serait probablement resté celui kitsch et pop de la série acidulée. Sous sa plume, les cornes du chevalier noir se sont allongées, le regard s'est durci, les qualités de détective à la Sherlock Holmes ont émergé, sous une silhouette de vampire élégant. La révolution à Gothem, transformée 20 ans après par Miller, est en marche.

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Sans Adams, nous ne connaitrions probablement pas les X-Men (la série devait être annulée en 1969... avant qu'ils ne réalise quelques épisodes magiques, qui ont relancé son intérêt !), il a plongé Batman dans un gothisme fascinant, fait entrer les questions sociales dans les comics grâce à Green Lantern-Green Arrow, ajouté de la détermination d'acier à la colère dans le regard de son Conan, dessiné le plus beau Superman qui soit, et confronté ce dernier à Mohammed Ali himself, dans un album de légende !

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Redoutable homme d'affaires protéiforme, amoureux éternel de la bande dessinée (il a même dessiné un épisode de Super Dupont avec Gotlib au scénar !), l'homme aura été aussi un infatigable combattant pour la cause des auteurs, quitte à se mettre lui-même sur la sellette, ne lâchant jamais RIEN pour défendre l'honneur de son métier et des artisans modestes qui y étaient exploités chez Marvel ou DC.

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Sans son exemple, pas de mouvement des auteurs phares de Marvel en 1991 pour aller fonder Image Comics, et par conséquent, pas de Walking Dead.

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Sans lui, probablement pas de moi non plus, comme le prouvent quelques exemple récents de mes travaux, mis en perspective avec des trouvailles graphiques de Neal Adams réalisées jusqu'à 15 ans avant ma naissance :

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Sans lui, le château de cartes des grandes figures des générations suivantes s'écroule : Frank Miller, John Byrne, Jim Lee, Arthur Adams, Bill Sienkiewicz, Alan Davis, Frank Quitely et des CENTAINES d'autres (dont moi), qu'Adams aura durablement influencé et inspiré.

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Quelques preuves en images (commentées !) :

 

 

Planche de Deadman (années 1960).
Utiliser une technhique digne d'Arcimboldo (composer un visage humain à partir de la juxtaposition d'autres éléments, comme des fruits), avec le tour de force que chaque élément raconte quelque chose, et dialogue avec l'ensemble (la tête)...

... est une idée recyclée par moi en 2017 (Comme Une Odeur de Diable), pour "montrer" la présence de l'esprit du loup... sans le montrer... et tout en le montrant !

 

 

 

 

La collerette de Dotki, le réalisme de sa pose, alors qu'il erre en fantôme à travers le temps...

 

 

... m'a été probablement soufflée par cet autre fantôme à collerette (Deadman, par Neal Adams dans les années 1960).

 

 

Cette planche au découpage immersif en diagonale du même Deadman, toujours par Neal Adams dans les années 1960, avait 20 ans d'avance, en mieux, sur ce que ses imitateurs feront, parfois mécaniquement...

 

... comme moi, quand j'utilise la page de droite pour relier les lignes de mes cases... au regard du Fox-Boy en bas de la page à gauche... (Fox-Boy t.2)...

 

 

 

 

 

 

 

... ou ici , pour faire ressentir la perte de connaissance de Fox-Boy, en penchant les cases de la station debout (verticale)... à inconscient (horizontales).

Car ce n'est pas tout d'imiter les gimmicks, les trucs, les astuces... encore faut-il qu'ils portent un SENS narratif ! Une fonction !

Chez Neal Adams, au-delà du plaisir visuel, il y a toujours une fonction narratif à ses expérimentations.

 

 

 

Pour lire et comprendre Neal Adams, son parcours, ces "combats", je ne peux que vous inciter avec toute la force de ma conviction, à vous procurer "SHOP TALK", cette série d'entretiens mythiques menés par Will Eisner avec la fine crème des plus importants acteurs des comics.

Neal Adams en était le dernier survivant !

C'est sorti il y a un mois, chez Komics Initiative, et tout amateur qui se respecte de comics devrait y trouver la lumière !

Neal Adams n'est plus, son héritage vivra.